
Cette existence d’une menace réelle ou supposée, constitue l’incitation la plus forte à imposer aux citoyens, la conscience d’une allégeance nationale qui doit l’emporter sur toute autre légitimité. Au cas échéant, le sacrifice de vies humaines devient une réalité. Elargissant son propos, Galbraith ajoute que dans la vie quotidienne, cette situation est représentée par l’institution de la police, organisme armé, chargé expressément de lutter contre les ennemis de l’intérieur avec des procédés militaires.
La dimension affirmation d’une solidarité, se décèle chez les individus, enrôlés dans une structure organisée. Aussi bien du côté des militaires et des forces de l’ordre que des militants de groupes clandestins, en lutte contre le pouvoir établi. Mais sous une forme plus éphémère, elle est présente aussi, au cœur de l’émeute. Plus troubles et plus illégitimes, celles-ci, peuvent donner lieu après coup à des désolidarisations compensatoires, enregistrées devant les micros des journalistes.
Et dans une guerre civile, évoque-t-on, le caractère particulièrement redoutable de la sommation à devoir « choisir son camp » devient une évidence. Cette donnée, présente dans toute violence collective, explique l’attrait qu’elle peut exercer sur certains styles de personnalités. De même, contribue-t-elle, à éclairer certains modes d’engagement sur des bases autres que politiques ou idéologiques, dans l’armée et la police ou dans les mouvements de résistance, les milices armées, etc...
« Exprimer une identité par la violence, c’est aussi, inévitablement, faire surgir un lexique autour duquel, sympathisants et adversaires vont s’affronter pour tenter d’imposer une dénomination légitime. Les flambées de violences déprédatrices suscitent un travail d’identification et de qualification, presque uniquement externe. Les acteurs eux-mêmes, s’épanouissant le plus souvent, dans un silence que les enquêtes à chaud des médias tentent de rompre », relève-t-on.
La bataille pour imposer les qualifications légitimes des événements et des acteurs est, par excellence, une bataille politique. L’affirmation politique par la violence est encore et surtout, une exhibition tout à la fois, d’une puissance physique et d’une impuissance politique.
O WADE Leral
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