
La filiale du groupe français Vinci, via sa marque Omexom, a annoncé le 2 février avoir obtenu un important contrat de développement du réseau électrique sénégalais, dans le cadre du programme prioritaire de développement, de renforcement et de fiabilisation du réseau de transport et de distribution de Senelec (Plan Stratégique 2016-2020).
Ce contrat, d’un montant de 197 millions d’euros, prévoit la réalisation, en trente-six mois, de cinq postes électriques très haute tension (trois dans la ville de Dakar, pour mieux alimenter le centre-ville, un dans le nouveau pôle urbain de Diamniadio et un à Thiès), de 200 km de lignes électriques souterraines et aériennes très haute tension, de plus de 100 postes de distribution d’électricité et d’une répartition régionale.
Le renforcement des réseaux de distribution concerne les localités de Dakar, Tambacounda, Kounoune, Diamniadio et Thiès.
Selon le communiqué de Vinci, le contrat est intégralement financé par un groupement bancaire composé de prêteurs français et sénégalais. Il bénéficie de garanties tant du côté français, avec BPI Assurance Export, que du côté sénégalais, via la garantie du ministère de l’Économie, des Finances et du Plan.
En novembre 2017, la société française avait déjà été retenue par la Senelec pour la réalisation de huit centrales photovoltaïques sur quatre grandes régions du Sénégal, pour une montant de 26,8 millions d’euros.
Jeune Afrique
Devant Jean-Jacques Bourdin, ce 29 janvier, sur BFMTV, l’avocat franco-sénégalais a joué les tontons flingueurs, s’arrangeant une nouvelle fois avec la vérité pour se donner un rôle qui n’a jamais été le sien et se poser en parangon de vertu.
« Dès le 10 janvier, j’ai dit à Sarkozy : “Fillon n’ira jamais à l’Élysée parce que je vais le ‘niquer’. J’avais ourdi le complot. Je savais que les costumes commandés en novembre, j’allais les payer par chèque et que j’allais en informer mon ami Valdiguié [journaliste au Journal du dimanche, à qui il avait livré, en septembre 2011, ses “révélations” sur les mallettes de billets qui auraient été envoyées par des chefs d’État africains à Jacques Chirac et à Dominique de Villepin]. »
Quand diable les médias français (et africains), face auxquels il adore se pavaner, cesseront-ils de tendre leurs micros à cet homme guidé par ses seuls intérêts et de prêter aveuglément foi à ses propos sans jamais se pencher sur le CV de cet artiste de la volte-face et de la trahison ? Chirac et Villepin, donc, Karim Wade, Ali Bongo Ondimba, Compaoré, Obiang Nguema… La liste de ses anciens amis un temps fort généreux avec lui ou à tout le moins indispensables à ses affaires et qui se sont retrouvés un couteau planté dans le dos est longue comme le bras. Dernière victime en date : François Fillon.
Assailli d’appels de Fillon, Bourgi prenait visiblement un malin plaisir à constater l’effervescence autour de lui
L’auteur de ces lignes connaît bien Robert Bourgi. Et, dans une certaine mesure, apprécie sa compagnie, sa culture, sa connaissance de l’Afrique, mais aussi son intelligence, pour ne pas dire sa malice. Partager la table de cet amateur de bonne chère et de puligny-montrachet est toujours un grand moment…
Surtout, j’ai vécu en direct les débuts de l’affaire des costumes de Fillon en sa compagnie, dans un bistro parisien situé à quelques mètres de l’Élysée. Assailli durant le déjeuner d’appels de Fillon et de sa communicante Anne Méaux, qui craignaient qu’il ne sache retenir sa langue, Bourgi prenait visiblement un malin plaisir à constater l’effervescence autour de lui.
La vérité n’a rien à voir avec ce qu’il a pu déclarer sur BFMTV ou sur les différents plateaux qu’il a hantés en cette fin du mois de janvier. Fillon aime l’argent et le luxe, mais n’a pas les moyens (officiels) de ses inclinations. C’est un secret de polichinelle : l’homme n’apprécie guère de régler une addition.
Les costumes de Bourgi ? Une goutte d’eau dans un océan de présents. À l’époque des faits, Fillon a le vent en poupe, sa victoire est même présentée comme certaine. Bourgi, pourtant l’ami de Sarkozy, a tout misé sur lui pour revenir sur le devant d’une scène qu’il a quittée depuis l’affaire des mallettes et le retour de la gauche au pouvoir.
Il le chouchoute, donc, volant ainsi, croyait-il, au secours de la victoire. Et lui offre ces costumes, sans penser une seconde qu’il sera pris les doigts dans le pot de confiture. Mais voilà, c’est Laurent Valdiguié qui l’appelle pour lui signifier qu’il a en sa possession le fameux chèque de la banque italienne Monte Paschi, signé de sa main (les temps ont changé : on ne peut plus payer en intégralité une telle addition en liquide) en règlement de la note d’Arnys. Sans doute une âme charitable soucieuse de l’intégrité des politiques français le lui a-t-elle remis…
Après avoir un temps nié les faits, Bourgi est donc contraint de changer de stratégie. Et avoue. Pour Fillon, déjà englué dans le Penelopegate, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : il coule. Et ne représente donc plus aucun intérêt pour Bourgi. Pis, l’ancien Premier ministre commet un crime de lèse-majesté : il ne prend plus au téléphone le sulfureux avocat, ne répond pas à ses textos et le tient à bout de gaffe.
Tant que le robinet à dollars coule, tout va bien. Le jour où le flot se tarit, méfiez-vous…
La messe est dite : « Bob », le sniper susceptible et rancunier, se vengera. Il se vante dans de nombreux médias d’avoir toujours été très généreux avec Fillon. Aujourd’hui, il invente cette histoire de complot ourdi de longue date, énième affabulation de sa carrière.
La vérité est plus prosaïque : tant que le robinet à dollars coule, tout va bien. Le jour où le flot se tarit, méfiez-vous… Comme au Gabon, où on lui a coupé les vivres en 2012-2013. Ali, son « frère » jusqu’alors, devient ainsi subitement un « monstre qu’il a enfanté ». Et Bourgi de rejoindre Jean Ping ventre à terre avant la présidentielle d’août 2016 contre promesses sonnantes et trébuchantes.
Bourgi défouraille. Il livre urbi et orbi à la presse le contenu présumé de ses conversations téléphoniques avec le fils de Gorgui
Idem au Sénégal, quand Karim Wade, à propos duquel il ne tarissait pas d’éloges, écarte d’un juteux marché une société britannique qu’il tentait d’introduire, avec ce commentaire cinglant : « Toi, tu peux attendre. » La réponse, elle, ne se fera guère attendre. Bourgi défouraille. Il livre urbi et orbi à la presse le contenu présumé de ses conversations téléphoniques avec le fils de Gorgui, dans lesquelles ce dernier est rhabillé pour plusieurs hivers.
Chapeau l’artiste : encore une fois, aucun média ne daigne suggérer que les versions mouvantes des faits relatés par Bourgi depuis des années puissent obéir à autre chose qu’à un prurit de sincérité. Il est vrai que l’animal sait mettre les journalistes dans sa poche, y compris les donneurs de leçons franco-africaines (ils se reconnaîtront), à coups de petits « scoops » livrés en catimini dans son cabinet de l’avenue Pierre-Ier-de-Serbie.
Que les choses soient claires : l’ami Robert, au contraire d’un Jacques Foccart, dont il ne cesse de se revendiquer et qui doit se retourner dans sa tombe, ne travaille qu’à ses propres intérêts. En privé, il ne prend même plus la peine de s’en cacher. Il serait donc grand temps d’arrêter de lui fournir naïvement les tribunes qui lui permettent d’assouvir cette soif. Et lui, la relique d’une autre époque, devrait songer à une retraite amplement méritée, dans le village corse de son épouse ou ailleurs.
Marwane Ben Yahmed
Directeur de Publication
Jeune Afrique
#AuTableau ce soir sur @C8TV : @DebbouzeJamel raconte pour la première fois les conditions de l'accident qui lui a coûté une de ses mains #VillageMedias pic.twitter.com/uu6BCgrs3W
— Village Médias (@VillageMedias) 7 février 2018
Un clin d’oeil “rock” d’Elon Musk, le génie fantasque fondateur de SpaceX, qui avait lancé ce projet en 2011 et dont le rêve ultime est de coloniser la planète Mars.
“Décollage!”, a tweeté à 20H46 GMT SpaceX dans un message accompagné d’une photo de Falcon Heavy, qui est composée de trois fusées Falcon9 de front sur lesquelles SpaceX a juché un deuxième étage et une coiffe pour la charge utile.
Après deux minutes de vol deux des lanceurs se sont détachés comme prévu de la fusée centrale qui a poursuivi sa route dans l’espace.
Huit minutes et 20 secondes après s’être détachés, les deux boosters se sont posés quasiment simultanément sur deux zones d’atterrissage de Cap Canaveral à quelques dizaines de mètres seulement l’une de l’autre.
Des images historiques, répétées en boucle sous forme de Gif ou de vidéo sur les réseaux sociaux.
“C’est tout ce dont on pouvait rêver pour un vol d’essai”, a réagi John Innsbrucker, un commentateur de SpaceX.
Vers 21H30 GMT, on restait en revanche sans nouvelles du troisième premier étage qui devait lui se poser sur une barge dans l’Atlantique.
Elon Musk a pour l’heure réussi son pari. Il avait déjà sensiblement réduit les coûts et révolutionné l’écosystème des lancements spatiaux en faisant revenir ses lanceurs sur terre, et même sur mer. Il veut désormais faire entrer la conquête de l’espace dans une nouvelle ère.
Le décollage mardi à Cap Canaveral était initialement prévu à 13H30 locales, avant d’être retardé à 14H20 puis 15H45, soit 20H45 GMT, en raison du vent à haute altitude.
L’envoi de cette fusée dans l’espace ne ressemble à nul autre. Elon Musk, entrepreneur qui avait été pris de haut par l’industrie aérospatiale aux débuts de SpaceX, a décidé que le Falcon Heavy aurait pour équipage un mannequin en combinaison spatiale au volant d’une voiture électrique rouge Tesla, son autre entreprise phare.
“J’adore l’idée d’une voiture dérivant apparemment à l’infini dans l’espace et qui sera peut-être découverte par une race extraterrestre dans des millions d’années”, avait imaginé l’an dernier M. Musk, qui ne veut ni plus ni moins que coloniser Mars.
Quand les 27 moteurs Merlin de cette super-fusée se sont allumés, pour générer une poussée de plus de 2.500 tonnes, l’équivalent de 18 Boeing 747 à la verticale, l’assemblage des trois lanceurs Falcon 9 ne s’est toutefois pas dirigé directement vers Mars.
La destination de ce vol est l’espace lointain, à une distance à peu près équivalente de celle de Mars par rapport au Soleil, où l’engin sera placé en orbite.
SpaceX n’avait jusqu’alors effectué que des tests statiques. Et Elon Musk avait martelé lundi que cela serait déjà un succès si la fusée “quittait le pas de tir et ne le pulvérisait pas en mille morceaux”.
Une prudence justifiée par les enjeux colossaux du projet. En termes technologiques, bien sûr, mais aussi au niveau des économies d’échelle qu’une telle réussite peut signifier.
SpaceX affirme que Falcon Heavy peut lancer deux fois plus de charge utile que la plus puissante fusée en opération existante, la Delta IV Heavy, “à un tiers du prix”. Selon United Launch Alliance, qui opère les Delta IV, le coût d’un lancement est de 350 millions de dollars.
A cela s’ajoute une dimension géostratégique non négligeable. Si SpaceX gagne son pari, la Nasa pourra se passer de l’aide des Russes et de leur vaisseau Soyouz pour envoyer des hommes dans l’espace.
Chez SpaceX, “à chaque échec qu’ils ont rencontré, ils ont rebondi immédiatement”, a expliqué à l’AFP Erik Seedhouse, enseignant à l’université américaine Embry-Riddle spécialisée dans l’aérospatiale, insistant sur le fait que l’entreprise a “effectué l’année dernière davantage de lancements que n’importe quel pays”.
Avec sa puissance, seulement surpassée dans l’histoire par la fusée Saturn V de la Nasa qui a emporté des astronautes des missions Apollo vers la Lune, la Falcon Heavy pourra mettre jusqu’à 63,8 tonnes en orbite terrestre basse, soit près de trois fois la charge que peut emporter une Falcon 9.
Contredisant un communiqué de sa propre entreprise, Elon Musk a expliqué lundi que ce ne sera en réalité pas la Falcon Heavy mais un autre de ses projets, la fusée “Big fucking rocket” (littéralement “putain de grosse fusée”) qui permettra de transporter des humains vers la Lune ou Mars.
Le Falcon Heavy doit donc lui ouvrir la voie.
Le Mali est sous le choc après la diffusion ce week-end, sur les réseaux sociaux de la vidéo d’un viol collectif. Samedi après-midi, une vidéo montrant quatre jeunes en train d’abuser d’une fille a fait le tour des réseaux sociaux. Les internautes sont écœurés. Un psychologue évoque des conséquences démesurées sur la victime. Une association s’engage à porter plainte contre les bourreaux.
Selon, l’indicateur du Rénouveau, la vidéo serait tournée à Bamako. Dans une chambre, les murs sont peints en bleu, un matelas à terre. Quatre jeunes hommes, dans une vidéo de 2 minutes 34 secondes, violent à tour de rôle, au rythme d’un single de l’artiste Soumaïla Kanouté alias Soumissi, une fille.
Les mains et les pieds écartelés par deux violeurs, un en action et l’autre à la camera (téléphone portable), la victime obtempère malgré elle-même.
Visiblement âgée de moins de 18 ans, l’adolescente pleure et supplie ses bourreaux tout au long du viol. Chaque invocation suffit sa peine. Elle est giflée et les injures grossières sont proférées contre sa mère.
La fille et ses violeurs sont tous indentifiables dans la vidéo car celui qui assurait la caméra au début est passé aussi à l’acte. La communication se fait en bambara. Postée sur les réseaux le 3 février, l’acte écœure les internautes maliens.
Même le roi des Zoulous n’a pas réussi à le convaincre de partir. Jacob Zuma, attaqué de toutes parts pour les affaires de corruption dans lesquelles il est empêtré, s’entête à rester au pouvoir. L’étau, pourtant, se resserre autour du président sud-africain. Mardi, la présidente de l’Assemblée nationale, Baleka Mbete, a pris la décision historique de reporter sine die le discours annuel du chef de l’Etat devant le Parlement, initialement prévu pour jeudi. «Nous avons pensé qu’il était nécessaire d’assurer un climat politique plus propice» à la tenue de ce discours, a-t-elle déclaré.
Car le climat est à l’orage pour Jacob Zuma, qui comptait sur ce discours pour calmer les esprits. Pendant plusieurs mois, l’ANC, le parti majoritaire qui l’a élu à la plus haute fonction, a essayé de statuer sur son sort. Sans succès. Depuis que Cyril Ramaphosa a remporté les élections du parti face à Nkosazana Dlamini-Zuma, l’ex-épouse du président Zuma, ce dernier est plus isolé que jamais.
Dimanche soir, en réunion dans sa résidence de Pretoria, les principaux cadres de l’ANC lui auraient demandé de démissionner. Premier refus. Le lendemain, un comité de travail de l’ANC s’est réuni pour «discuter de l’avenir du Président», selon les mots de la secrétaire générale adjointe du parti, Jessie Duarte.
Toujours selon elle, les discussions ont achoppé sur les «positions différentes» qui continuent de s’opposer au sein du parti. C’est désormais à la plus haute instance décisionnaire du parti, le Comité national exécutif (NEC), de trancher.
En 2008, c’était lui qui avait contraint à la démission le président d’alors, Thabo Mbeki, en le révoquant du parti. Or Cyril Ramaphosa a annulé mardi soir une réunion de ce comité, prévue pour aujourd’hui, après s’être entretenu longuement avec Jacob Zuma. Cette annulation pourrait indiquer qu’un accord a été trouvé entre les deux hommes pour la démission du Président.
«S’il ne part pas de lui-même à la demande du parti, il sera chassé par les députés», affirme Marianne Séverin, chercheuse associée au LAM (Les Afriques dans le monde) de Sciences-Po Bordeaux et spécialiste de l’ANC. Une nouvelle motion de censure a été déposée contre lui par l’opposition au Parlement, et devra être examinée le 22 février.
Si de précédentes motions ont échoué, ses soutiens au Parlement se réduisent comme peau de chagrin. Il n’a manqué que 24 voix (sur 400) à la dernière, soumise au vote au mois d’août. Selon Marianne Séverin, «le fait que la présidente de l’Assemblée nationale, Baleka Mbete, une ancienne pro-Zuma, ait décidé de reporter son discours est révélateur: il est cuit. Il n’a quasiment plus aucun soutien dans son parti».
Car s’il doit finir son mandat en 2019, la majorité des membres de l’ANC, Cyril Ramphosa en tête, savent qu’assumer le bilan de Jacob Zuma aux prochaines élections, risquerait de couler le parti. Il faut dire qu’une bonne partie de la population semble lui en vouloir.
En novembre, un sondage Ipsos indique que 72% des Sud-Africains de plus de 18 ans considèrent qu’il aurait mal fait son travail. Plus grave encore, l’enquête d’opinion montre que 60% des soutiens de l’ANC sont mécontents de son mandat.
Il faut dire que son palmarès est chargé. «Les gens en ont littéralement marre de Zuma. Il a plongé le pays dans la honte, il gouverne mal, il confond les deniers publics avec son propre porte-monnaie», affirme Marianne Séverin. Selon les chiffres de l’OCDE, le taux de chômage atteint des niveaux records: 27% dans l’ensemble de la population, 54% chez les 15-24 ans.
Mais ce qu’on lui reproche le plus, selon la chercheuse, est d’avoir «vendu le pays aux grandes firmes internationales pour son propre profit. Il était corrompu avant, mais depuis qu’il est au pouvoir, il agit comme un enfant dans un magasin de bonbons».
Sa proximité avec la fratrie indo-sud-africaine des Gupta, devenue multimilliardaire grâce à l’attribution de juteux marchés d’Etat, est devenue l’incarnation de cette collusion avec les milieux d’affaire internationaux. Pas sûr cependant que le Président soit assez lucide pour accepter son manque de popularité.
Le président a déjà refusé plusieurs fois de démissionner, clamant avoir le soutien du peuple et être victime de forces étrangères. Pour Marianne Séverin, «il est dans le déni. Il sait qu’une fois le pouvoir perdu, plus rien ne le séparera de la case prison. Il ne joue pas seulement sa survie politique, mais aussi sa survie tout court». Et il a encore quelques cartes en mains.
Nombre de ses soutiens au Parlement ou dans les administrations sont eux-mêmes impliqués dans des enquêtes pour corruption, et lui sont donc dévoués corps et âme. «C’est la panique à bord. S’il saute, cela va mettre des centaines d’administrateurs au chômage. Beaucoup font partie de la clientèle des Gupta par exemple.»
Dix ans d’infiltration patiente des administrations par ses affidés porte aujourd’hui ses fruits. Alors que le Président ne bénéficie pas, comme en France, d’une immunité présidentielle, il a réussi à s’affranchir temporairement des quelque 700 charges pour fraude et corruption qui pesaient sur lui grâce à leur annulation par un proche procureur général en 2008.
Il s’estime donc en position suffisamment forte pour conditionner son départ à l’obtention de l’immunité judiciaire pour sa famille, un certain nombre de ses ministres, et lui-même. Pas sûr, donc, qu’il parte de sitôt, même si la réunion du Comité national exécutif, jeudi, risque d’être décisive.
«De toute façon, la société civile est vent debout pour défendre sa toute jeune démocratie. Les juges sont prêts à se faire Zuma. Même s’il ne tombe pas demain, ils ne le lâcheront pas», affirme Marianne Severin.